Dans la série  "Sacré Valdimïr"

La terrible affaire du diadème de la reine des Dragons



Un récit dialogué de Jacques Yourgos.

 

Avec :

les Dragons lumineux du château,

Valdimïr l’écureuil,

Ses amis de la colline,

Et Wanda, très jeune fille du village.

 

 

      Au-dessus du village de Rémigny-les-grenouilles, sur une des nombreuses collines, vit, croque, grimpe et s’amuse toute une population de joyeux écureuils. Parmi eux, Valdimïr, à la fourrure brune et rousse.

 

      Un vieux château en ruines se dresse sur la plus lointaine des collines, là-haut. Il domine le paysage. C’est le royaume des Dragons lumineux.

 

Les dragons ne se montrent pas dans la journée : ils vivent leurs existences secrètes dans les souterrains du château.

 

      Mais lorsque tout devient sombre, on peut les voir. Souvent, vers minuit, l’écureuil Valdimïr grimpe au sommet de son arbre. Il observe les lumières qui volent autour du château endormi. Éclat du diamant: c’est la reine Diamanthéa. Prodige multicolore: c’est le roi Feu d’artifice. Et cette lueur orangée … Leur fils, le prince Loumi, bien sûr. Le roi, la reine, le jeune prince, les dragons de la cour, le peuple… C’est comme une danse de lumière autour de la forteresse en ruine.

 

      Sans doute, dans la vallée, tout en bas, les gens du village de Rémigny-les-grenouilles, lorsqu’ils ouvrent leurs fenêtres la nuit, peuvent-ils voir eux aussi quelques points lumineux se déplacer autour des ombres du château abandonné.

 

      Mais Valdimïr, sur son arbre, est mieux placé pour les observer.

 

      Le château, personne ne s’en approche jamais. Ces dragons sont pacifiques, ils ne font de mal à personne. Malgré tout, ce sont des dragons géants, on doit en tenir compte. Une seule des griffes de leurs pattes, imaginez-vous, est plus grande que la corne d’un dinosaure. Alors on préfère ne pas se trouver en dessous ! 


      Notre aventure commence un beau matin de la fin de l’été. Valdimïr, à peine éveillé, descend de son arbre et va se rafraîchir au bord de la rivière toute proche. À part quelques bancs de poissons minuscules déjà parti en exploration entre les pierres, le monde de la rivière est encore endormi. Au soleil, comme le font le matin tous les écureuils du monde, Valdimïr lisse et recoiffe sa fourrure de poils roux et bruns. Et, comme tous les écureuils ne le font pas, insouciants qu’ils sont, Valdimïr réfléchit.

 

      Que se passe-t-il au château des dragons lumineux ? À minuit, comme souvent, il est monté au sommet de son frêne pour les observer. Rien n’était comme d’habitude. Au lieu d’une danse de lumière autour du château, c’était des mouvements brusques, saccadés, violents. Une dispute au palais du roi ? Probablement. Mais pour quelle raison ?

« Ah ! Si seulement je pouvais rencontrer aujourd’hui notre messager, l’écureuil transporteur de nouvelles » se dit Valdimïr,

« je pourrais obtenir quelques renseignements. Si seulement Géno… »

 

– Génobald ! Tu tombes à pic ! Je pensais justement à toi !

 

– Fffh… Ça ne m’étonne pas, galopin, Fffh…, Ça ne m’étonne pas ! Fffh… Fffh…

 

– Tu es bien essoufflé, viens donc te rafraîchir au bord de la rivière. Allez, bois un peu d’eau. Surtout ne fais pas de bruit, ne réveille pas les grenouilles.

 

– Fffh...Ah! Ça fait du bien. Comment vont-elles, tes grenouilles ?

 

– Horriblement bien. Tous les soirs elles répètent une chanson pour le prochain concert de leur chorale :

Plic plash

Plic plash

Nous sommes les grenouilles de la rivière

Roulade avant,

Roulade arrière

On s’amuse tout le temps. …

 

Et tralala, et tralala, plouf Plic plash, on plonge et on remonte à la surface, et plouf, et Plic et plash, et couplets, et refrain : impossible de dormir.

 

– Mon pauvre ! Alors c’est pour cela que tu m’as dit «tu tombes à pic» tu veux que je trouve un puissant narcotique à diluer dans la rivière pour qu’elles dorment pendant six mois…

 

– Ha, ha, ha ! Non, quand même pas, je ne suis pas méchant à ce point-là. Non, je voulais savoir si tu étais au courant de quelque chose…

 

– À quel propos ?

 

– Sais-tu ce qu’il se passe au château des dragons ?

 

 – Je m’attendais à cette question. Avec ton sens de l’observation, galopin, tu t’es aperçu du changement. Oui, il y a une grande dispute, là haut. La reine Diamanthéa, tu connais son caractère, est dans ses états les plus terribles. On ne trouve plus son diadème, le palais entier est à sa recherche.

 

– Son diadème ? Qu’est-ce que c’est ?

 

– Une sorte de couronne de perles et de diamants, qu’elle met sur sa tête, je ne sais pas trop. C’est un objet qu’elle a hérité de sa mère, qui le tenait de sa propre mère, qui le tenait elle-même de lointains ancêtres… Bref, elle y tient beaucoup. Comme tu l’en sais capable, elle pique des crises de nerfs, prétend qu’on lui a volé cette couronne, et mène une vie d’enfer au roi des Dragons. Feu d’artifice, excédé, tu le connais bien lui aussi, envoie des flammes et des gerbes d’étincelles partout à la ronde. Il a déjà fait emprisonner dans les douves du château une bonne dizaine de dragons, qui ne sont probablement responsables de rien. Si cela se trouve, elle l’aura perdu dans la forêt, son diadème. Louis-Charles m’a dit que lorsqu’elle va se promener dans les bois, souvent, elle l’enlève, l’oublie quelque part et revient le chercher à grands coups d’aile. Cette fois, elle ne se souvient plus, sans doute...

 

– Tu m’as l’air bien informé !

 

– Oui. Grâce à Louis-Charles. Comme tu le sais, son sapin se trouve juste à côté du château. Il est aux premières loges… Tu vas devoir t’occuper sérieusement de l’affaire, mon petit galopin de Valdimïr…

 

– Moi ? Pourquoi moi ?

 

– Parce que d’habitude, lorsque surgit ce genre de problème, c’est toi qui nous aide à trouver la solution. Et il y a urgence !

 

– Urgence ?

 

– À ton avis d’écureuil, où pourrait-on trouver des perles et des diamants pour fabriquer un nouveau diadème ?

 

– Je ne sais pas. Dans une bijouterie…

 

– Bien répondu. Et j’ai entendu dire que le roi Feu d’artifice, afin de calmer Diamanthéa, la reine, envisage de partir en expédition avec un bataillon de dragons pour aller cambrioler la bijouterie du village de Remigny.

 

– Ah ! Non !

 

– Ah ! Si, galopin.

 

– Mais ils vont déclencher une guerre entre les dragons et les habitants du village ! Nous étions tellement bien, en paix…

 

– Eh ! Oui. Et s’il y a une guerre, qui sera au milieu ? Entre le château et le village, qui va recevoir les balles perdues ?

 

– Les écureuils de la colline parfaite.

 

– Bien répondu. Tu comprends maintenant pourquoi je suis venu te trouver de si grand matin. Il va falloir que tu mènes l’enquête, galopin, et que tu nous retrouves ce diadème le plus vite possible.

 

– Je vais faire ce que je peux. Cependant je ne suis pas magicien, Génobald.

 

– Mais si, Valdimïr, un peu à ta façon. Bon, je bois une dernière gorgée d’eau glouf, glouf, et je file aux informations. Salut, moucheron invisible !

 

– Salut, moustique invivable !

 

– Salut !

 

– Salut !

 

      Quelques froissements de feuilles, une branche qui craque, un cri d’oiseau, puis le silence : en quelques minutes, Génobald, le messager volant, a disparu parmi les arbres.


      Resté seul, Valdimïr marmonne d’abord un peu dans ses moustaches: c’est le moment de préparer ses provisions pour l’hiver prochain ; il doit trouver où cacher ses noisettes et ses graines de pin ; il a autre chose à faire… Mais finalement, l’écureuil est obligé de reconnaître qu’il est très content d’avoir un mystère à résoudre. Où se trouve le diadème de la reine des dragons ? A-t-il été perdu ? A-t-il été volé ? Il est temps qu’il se mette en route pour recueillir des informations.

 

      Et le voilà parti, sous le soleil timide de ce matin de la fin de l’été. Longeant la rivière, d’arbre en arbre, il grimpe jusqu’au nid de son ami Bainus, là-haut près du rocher gris-bleu. Mais alors qu’il approche du peuplier où vit son copain, il entend une voix bien connue prononcer :

« Maître corbeau sur un arbre perché

Tenait dans son bec un fromage.

Maître renard par l’odeur alléché

Lui tint à peu près ce langage :

Hé bonjour, monsieur du corbeau… »

 

      Ce n’est pas le moment de déranger Bainus qui est en pleine répétition : l’écureuil au col de fourrure blanche veut devenir comédien, et donne des petits spectacles pour ses amis des collines, afin de s’entraîner. « Je le verrai plus tard », se dit Valdimïr.

 

      Il repart, en direction des prairies. Colchiques, boutons-d’or, campanules, toutes les fleurs de fin d’été profitent des derniers beaux jours pour se montrer dans leurs plus beaux pétales. Et puis, là-bas, dansant au milieu des hautes herbes, une silhouette de demoiselle écureuil : la grande Clotilde, toujours élégante et raffinée, une fleur à son oreille.

 

– Halbacara, Valdimïr, quelle bonne rencontre ! Mais dis donc, tu es bien matinal, mon canard précieux !

 

– Je suis à la recherche du diadème de la reine des dragons. D’après notre ami Louis-Charles, le château est en ébullition depuis qu’elle l’a perdu. Tu n’as pas vu Diamanthéa dans les parages, ces derniers temps ?

 

– Non. Mais pour trouver la réponse à une énigme, Valdimïr, il faut tout d’abord réfléchir. Il faut faire des déductions.

 

– ? ? ?

 

– Si Diamanthéa a perdu son diadème, c’est parce qu’elle l’ a enlevé et posé quelque part. Tu es bien d’accord ?

 

– Évidemment.

 

– Et pourquoi l’a-t-elle enlevé ?

 

– Je ne sais pas… La canicule du mois d’août… Elle avait trop chaud, sans doute.

 

– Je ne te le fais pas dire, Valdimïr. Et donc, si elle avait trop chaud…

 

– … Elle est partie à la recherche d’un endroit où se rafraîchir. Peut-être la forêt de mélèzes, si bien ombragée.

 

– Peut-être. Voilà comment mon canard précieux, de déduction en déduction, tu vas pouvoir trouver la bonne réponse. À propos, as-tu des nouvelles de Louis-Charles ?

 

– Il m’a chargé, par l’intermédiaire de Génobald le messager, de te dire qu’il pensait beaucoup à toi [ce n’est pas tout à fait vrai, mais comme il sait que les deux écureuils sont très amoureux l’un de l’autre et n’osent pas se le dire, Valdimïr invente un peu, pour que le destin avance…]

 

– Oh ! Valdimïr, Louis-Charles, il est tellement… Tellement intelligent, tu te souviens de la conférence qu’il a donnée à propos de « la place des écureuils dans la société mondiale », c’était magnifique !

 

– Halbacara ! Je m’en souviens très bien. Bon, il faut que je te quitte, l’affaire du diadème n’attend pas. Merci de tes indices.

 

– Tu donneras mon bonjour à Louis-Charles ? Tu lui diras que j’avais une fleur à mon oreille, que mes yeux brillaient, que j’étais très jolie ?

 

– Je n’y manquerai pas. Salut, mon trésor.

 

– Salut, mon bijou. Et n’oublie pas : des déductions !


      Alors qu’avance la matinée sur les collines, que le soleil monte peu à peu dans le ciel, au château des dragons les turbulences continuent. Diamanthéa, la reine, a obtenu une audience auprès du roi Feu d’artifice.

 

– Majesté ! Si vous ne retrouvez pas ce diadème, je suis détruite à jamais. Quelle horrible catastrophe ! Un héritage de la reine ma mère, qui le tenait de ma grand-mère, à qui il avait été légué par mon arrière-grand-mère ! Ouh! Je ne survivrai pas à la honte de l’avoir perdu. Ou-ouh!

 

– Calmez-vous, Diamanthéa, nous allons tout mettre en œuvre pour retrouver votre parure d’étourdie. Sur mes nobles écailles, je vous le promets.

 

– Comment agirez-vous ?

 

– Nous allons… Nous allons… Nous allons faire le maximum.

 

– Aaaah! Majesté, sauvez-moi du désespoir ! Ou–ou–ouh !

 

– [Mmmh... je sens que je m’énerve, que je m’énerve… Les flammes me montent à la gorge. Gardons notre calme]. Bien, l’audience est terminée. Pilélectrik, mon fidèle conseiller, veuillez accompagner la plus belle reine du monde dans ses appartements.

 

– Ooh ! Majesté, vous m’assurez que vous allez tout mettre en oeuvre pour…

 

– … Oui oui oui. Allez, madame.

 

      Pendant ce temps, sur la Colline Parfaite, Valdimïr continue de recueillir des indices auprès de ses amis écureuils, afin de localiser la fameuse couronne. 

      Notre ami se retrouve bientôt sur le chemin des noisetiers, qui conduit à la forêt de mélèzes. De loin, il entend deux petites voix d’écureuils qui se chamaillent.

 

– Je te dis que c’est moi qui ai raison.

 

– Impossible, puisque tu as tort.

 

– Ce que tu peux être têtu !

 

– C’est toi qui ne veut rien comprendre !

 

      Valdimïr suppose qu’il s’agit de ses deux amis Adalbéron et Richemer, toujours ensemble mais qui se disputent sans arrêt. Justement, les voilà, perchés sur un arbre.

 

– Alors, les gars, vous n’avez pas l’air d’accord, c’est à quel propos ? S’enquiert Valdimïr.

 

– Euh, je ne sais pas trop… mais en tout cas, c’est moi qui ai raison, répond Adalbéron.

 

– Comme d’habitude, il se trompe complètement, assure son compagnon Richemer.

 

– Bon, ce n’est pas très grave. Vous savez que la reine des dragons lumineux a perdu son diadème ?

 

– Oui, nous avons été informés ; Moi je vais repérer grâce a mon ordinateur tous les lieux où ce précieux objet pourrait se trouver, annonce fièrement Adalbéron.

 

– C’est cela, prépare-toi à mille ans de recherche, soupire son ami Richemer. Ah ! Toi et ton ordinateur !

 

      Valdimïr pense que ces deux-là ne lui apprendront rien.

 

– Bon, je continue ma route. Vous faites provision de noisettes ?

 

– Oui, pour l’hiver. Je vais noter la liste de nos cachettes sur mon ordinateur, on les retrouvera plus facilement.

 

– Oh ! Adalbéron, pitié avec ton ordinateur ! Mon ordinateur par-ci, mon ordinateur par-là…

 

– À bientôt, les deux inséparables ! Conclu Valdimïr en s’éloignant sur le chemin. Bonne cueillette !

 

      L’écureuil s’est arrêté pour déguster quelques framboises de fin d’été. Son repas de midi.

 

– Alors, le gourmand, savoureux, ce déjeuner ?

 

      Apparaît Placidine, l’infirmière des écureuils, accompagnée du tout petit Crokité.

 

– Vous pouvez venir. Il y a assez de framboises pour tout un régiment.

 

– Fais attention à ne pas te piquer les pattes, Crokité, recommande maman Placidine.

 

– Je ne suis pas un bébé, rétorque le petit écureuil.

 

– Mmmh… Elles sont délicieuses. Comment vas-tu, Valdimïr ?

 

– Moi, très bien. Mais au château des dragons, il y a du catch

 

– Oui, je sais. À cause du diadème de la reine Diamanthéa, toujours pas retrouvé.

 

– La reine, je l’ai vue, affirme le petit Crokité. Elle dodeline comme les dinosaures de la Préhistoire. Sa tête dépasse des grands arbres. Et elle brille, elle brille comme un immense diamant.

 

– Arrête de te vanter, Crokité, tu n’as rien vu du tout.

 

– Si maman, j’ai vu la reine.

 

– Ah, ces gosses ! Que disions-nous, Valdimïr ? Oui, nous parlions de ce fameux diadème…

 

– Moi, le diadème, je l’ai vu, intervient Crokité à nouveau. Je sais où il doit être.

 

– Tais-toi donc un peu, mon chéri, tu ne sais rien.

 

– Si maman, je sais tout. La reine des dragons se promenait dans le bois de mélèzes. Crac, crac, les branches sous ses pattes. Elle s’est arrêtée près de la source pour se rafraîchir. Elle a dû la poser et l’oublier là, sa couronne.

 

– Crokité ! ! ! Je t’avais défendu d’aller dans le bois de mélèzes. C’est un endroit rempli d’individus dangereux : renards, buses, dragons, qui ne pensent qu’à te dévorer. Tu es trop petit, tu dois rester près de notre nid, je te l’ai déjà dit 100 fois. Alors là, c’est trop fort, on rentre à la maison. Au lit, et privé de dessert !

 

– C’est pas juste ! Et d’abord, je ne suis pas petit !

 

– Si, intervient Valdimïr. Tu es encore petit et tu dois obéir à Placidine qui te protège.

 

– Ce gosse me rendra folle. Allez, à bientôt, Valdim’ !

 

– À bientôt !

 

      La source. Valdimïr se dit qu’il aurait dû y penser. Comme il faisait très chaud ces derniers jours du mois d’août, la reine, vraisemblablement, est allée s’y rafraîchir. Le diadème est-il encore là ? Des animaux, des humains ont pu le trouver et s’en emparer. Pas un instant à perdre ! De branche en branche, à la vitesse d’un éclair de mousse rousse, Valdimïr a bientôt rejoint le bois de mélèzes. Prudence, pas de bruit de pattes, les dangers ici sont nombreux. De petits sauts en petit sauts, de feuille en feuille, l’écureuil se retrouve près de la source.

 

– Rien ! J’aurais du m’en douter. Un diadème qui brille, ça ne passe pas inaperçu. Quelqu’un a dû passer par là et l’emporter.

 

      Valdimïr est déçu. Il s’apprête à repartir. Il s’éloigne, se retourne une dernière fois. Un petit éclair de lumière sous les feuilles… Il lui semble… Valdimïr revient sur ses pas. L’écureuil enlève quelques feuilles une à une, et que voit-il apparaître devant ses yeux éblouis ? Une immense couronne de perles et de diamants, brillant d’un magnifique éclat.

 

– Halbacara ! Le diadème de la reine des dragons ! J’ai failli ne pas le voir, heureusement que je me suis retourné ! Les premières feuilles d’automne ont dû tomber sur lui et le recouvrir. Ou quelqu’un l’aura caché en dessous pour revenir le chercher plus tard…

 

      Valdimïr boit un peu de la délicieuse eau fraîche de la source pour se donner du courage. Il doit maintenant trouver une solution pour rapporter le diadème au château. Un objet beaucoup trop lourd pour lui, le jeune écureuil. Il va devoir aller chercher son ami Chilpéric, l’écureuil le plus costaud de la forêt. Tous deux attacheront la couronne à une corde, et la traîneront jusqu’à la forteresse des Dragons lumineux. Voilà ce que Valdimïr imagine ; mais il lui faut aller vite, c’est déjà la fin de l’après-midi sur les collines. Croc, cric, crac, il croque quelques graines de pignes, et hip, hop, d’arbres en arbres il quitte la forêt de mélèzes pour se retrouver dans les prairies encore ensoleillées. C’est alors qu’il aperçoit une silhouette, là-bas, qui avance sur le chemin ; un tee-shirt rose vif, un pantalon noir… Non, ce n’est pas… Si, c’est elle, la très jeune fille du village qui vient souvent se promener près de la rivière ! Il s’approche. Oui, c’est bien elle, avec sa coiffure en queue de cheval, son collier de grenat, ses ballerines, sa façon de sautiller légèrement d’un endroit à un autre… Valdimïr vient plus près. La très jeune fille le reconnaît, s’amuse de le voir gambader autour d’elle. Et elle se demande ce qu’il veut, cet écureuil. Le pauvre Valdimïr lui fait de grands gestes de la patte, lui indiquant la forêt de mélèzes. Si seulement il pouvait parler le langage des humains… Ah ! Finalement, elle semble avoir compris. Elle

le suit. Victoire !!!


      Le soir tombe sur la colline. Le ciel est encore bleu, mais les arbres et les prés sont déjà plongés dans l’ombre. Sur une haute branche de pin, non loin du château, deux pies en habit noir et blanc bavardent.

 

– Tu as vu ?

 

– Oui, c’est la très jeune fille du village. Elle porte une grande couronne de perles et de diamants dans ses bras. Ça paraît très lourd.

 

– Je ne te le fais pas dire, c’est le diadème de la reine des Dragons lumineux. Elle l’a retrouvé.

 

– Regarde, dans les herbes.

 

– Quoi ?

 

– Regarde bien.

 

– Ah ! Valdimïr, l’écureuil. Cela ne m’étonne pas qu’il soit dans l’affaire.

 

– Approchons-nous.

 

      Les deux pies s’envolent et vont se poser sur le rebord d’une fenêtre du Vieux Château.

 

      Pendant ce temps, la très jeune fille continue d’avancer, son précieux chargement dans les bras. Atterrit devant elle un dragon tout auréolé de lumière orange. Il est immense, mais elle n’a pas peur de lui, car sa lumière est douce. Il a l’air d’un enfant-dragon un peu perdu dans ses rêves.

 

– Je suis le prince Loumi. Vous… Vous rapporter le diadème de maman ?

 

– Je l’ai trouvé près de la source.

 

– Au bois de mélèzes ?

 

– Oui. C’est un écureuil qui…

 

      La très jeune fille se retourne, mais Valdimïr s’est déjà caché derrière le tronc d’un sapin

 

– Maman va être contente. Vous ne pouvez pas vous imaginer comme je suis soulagé. Si vous saviez quel enfer nous vivons depuis quelques jours ! Venez, mon père, le roi Feu d’artifice, va vous recevoir et vous offrir une récompense.

 

– Non non non, je ne veux pas de récompense. Il est tard, je dois retourner au village avant la nuit. Mes parents vont s’inquiéter.

 

– Nous nous reverrons?

 

– Je viens souvent me promener du côté des « Trois frênes », près de la rivière.

 

– Je viendrai, c’est promis. À bientôt.

 

– À bientôt, Prince.

 

– Je m’appelle Loumi.

 

– Et moi Wanda.

 

      La très jeune fille est déjà loin. Elle se retourne pour lui adresser un signe de la main. Il lui répond. Encore un signe, encore un, puis elle disparaît derrière les arbres. Ces deux là, le prince dragon et la très jeune fille, savent qu’ils se reverront dans une autre histoire. Ce sont déjà des amis.

 

      Les deux pies s’envolent des fenêtres du château et vont jacasser partout dans les bois cette grande nouvelle : le diadème de la reine des Dragons, tout incrusté de perles et de diamants, a été retrouvé.


      C’est l’aube. À peine le début du jour près de la rivière aux grenouilles. Une lueur blanche, pas encore le soleil.

 

– Valdimïr ! Tu dors ?

 

–Mmoinffhh … C’est toi, Génobald ? Mmhh, je suis un peu fatigué. Les grenouilles ont chanté très tard. Elles répètent toujours leur chanson, plic plash, plic plash…

 

– Oh ! Mon pauvre ! Mon pauvre galopin !

 

– Mmhhh, Tu l’as dit.

 

– Tu sais que le diadème a été retrouvé ?

 

– Aah…

 

– Et tu sais qui l’a rapporté au château ?

 

– Nnn … Non.

 

– Une très jeune fille. On dit qu’elle a rencontré Loumi, le prince des dragons.

 

– Ffffhhh…

 

– Le diadème a été découvert près de la source. Et tu sais par qui ? Par un certain Valdimïr! Comment as-tu fait ?

 

– Mmmffhhh… C’est simple. À partir de quelques déductions. Bon, je me rendors.…

 

– Halbacara ! Je pars annoncer la bonne nouvelle à tous les écureuils de la colline. Salut, marmotte en compote !

 

– Salut, puceron excité !Fffhhh… Oumpffhhh… Offfhhh…

 

      Génobald le messager disparaît parmi les branches. On n’entend plus, au loin, que sa voix qui fredonne :

Plic plash Plic plash

Je suis une grenouille de la rivière

Et tralala

Et tralala

Je m’amuse tout le temps…

 

      Puis le calme revient aux « Trois frênes », et Valdimïr replonge dans le sommeil. Il rêve, il rêve qu’il est un dragon lumineux, couleur écureuil, et qu’il se promène majestueusement dans le vieux château en ruines, là-haut sur la colline mystérieuse, tout près du ciel.

 C’était : « la terrible affaire du diadème de la reine des dragons».

 

      Cette histoire vous a plu ? Sachez que Valdimïr et ses amis ont vécu une bien plus grande aventure encore, au cours de laquelle il leur a fallu aider les dragons lumineux à affronter des dangers beaucoup plus graves.

 

       Si vous souhaitez retrouver Valdimïr, Wanda, le petit Crokité , Feu d’artifice, Diamanthéa, le prince Loumi et tous les autres personnages de cette histoire, voici la solution :

 

écrivez cet e-mail à une grande maison d’édition :

 

            Jacques Yourgos, nous aimons ce qu’il écrit. Éditez-le. Merci.

 

… Ou un autre message de votre composition.

S’il en reçoit beaucoup, un éditeur avisé, sensible au rêve et à l’humour, aura peut-être la puce à l’oreille…


Autres histoires de Jacques Yourgos :


Dragons lumineux,                                                                                                        La terrible affaire de la phrase magique oubliée.

 

 

      Les dragons sont catastrophés. Ils doivent bientôt se rendre près d’une source où ils trouveront des grains de lumière destiné à éclairer leurs écailles. Celle-ci est défendue par d’horribles créatures pétrifiantes. Or, la phrase magique qui permet d’immobiliser momentanément ces êtres malfaisants, les dragons ne s’en souviennent plus. Et même plus du tout. Valdimïr mène l’enquête.

 

 


Originales sorcières sur balais magiques !

       Comme chaque année, Commandante et ses amies, Charabia, Elixirette, Fusée du balai, Griffue la Tarzane, Usante-pour-les-nerfs et Potion sont parties camper dans la forêt de Saint-Martin. Promenades en balai, baignades, dégustation de purée de serpent, fous-rires, crêpages de chignon… De plus, un concours est organisé : chaque jour, une sorcière raconte une histoire, et à la fin du séjour, on désignera la gagnante. Comme chaque année…

 

 


X 23, Venu des étoiles.

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Noël sous les étoiles.

Projet de livre CD

      L’auteur rencontre dans la forêt une petite fée de Noël, chargée de distribuer des rêves. Comme elle voyage beaucoup, la fée a bien des histoires à lui raconter, celles du canard qui ne voulait pas servir de repas de réveillon, du sapin étoilé, d’un certain jeune écureuil Crokité qui a pu participer à la distribution des cadeaux avec les lutins du Père Noël, d’autres encore…

      Pour chaque histoire, une chanson.

 

 


Des chansons ont été écrites par Jacques Yourgos à propos de chaque histoire. Elles peuvent les illustrer mais ne sont pas indispensables à la publication. Sauf pour le projet de livre CD « Noël sous les étoiles », où chaque histoire est reliée à une chanson.


Coco le débrouillard

Dans une forêt aux arbres immenses, aux fougères géantes et aux lianes entrelacées, très loin d'ici en Amérique du sud, vivait un perroquet multicolore nommé Coco le débrouillard. Plume rouge, plume jaune, plume bleue, il volait d'arbre en arbre, annonçant les dernières nouvelles à ses amis: " Une maman singe vient d'avoir deux bébés.", "Attention, une pirogue avance sur la rivière pourpre, ce sont peut-être les chasseurs.", "Les shapajas sont mûrs, vous pouvez venir les déguster."...

Tout le monde le connaissait dans son coin de forêt: les perroquets, les chauve-souris, les singes hurleurs, les jaguars et les éléphants...

Lorsqu'on apprit qu'il avait disparu, ce fut la consternation parmi tous les habitants.

- Tu n'as pas vu Coco le débrouillard?

- Non, nous sommes inquiets, cela fait trois jours qu'il n'est pas retourné sur son arbre.

- Vous avez vu Coco?

- Moi, non, mais l'éléphant raconte que des chasseurs sont venus et ont posé des pièges.

- C'est terrible. Pourvu qu'il ait pu s'échapper!

Ses amis, hélas, avaient deviné la vérité: Coco le perroquet avait bien été capturé. On l'avait pris dans un filet de nylon. Il s'était débattu, avait tenté de couper les mailles avec son bec, sans réussir. Des hommes étaient accourus. Ils l'avait mis en cage et emmené dans une sorte de hangar.

"Que m'arrive-t-il, se demandait Coco, que vont-ils faire de moi ?"

D'autres oiseaux étaient rassemblés dans ce hangar. la plupart criaient. Coco décida de rester silencieux pour éviter d'attirer l'attention. Dès qu'il verrait un moment favorable, il tenterait de s'échapper....

 

...à suivre.